Les évènements business pullulent à Dakar avant le début officiel du Ramadan. Compétition de startups, évènements de networking, conférence sur le paiement mobile ou la gouvernance 2.0… Dakar est en train de confirmer son rôle de leader régional dans les nouvelles technologies et le business internet. En arrivant dans la capitale sénégalaise, je fut surpris par cette vitalité entrepreneuriale, signe d’un écosystème – encore neuf – qui gagne en maturité. Mais je me suis aussi rapidement posé cette question : l’information est elle bien suffisamment relayée et touche t’elle les bonnes personnes ? Comment permettre au plus grand nombre de sénégalais – et non pas à quelques initiés – de s’informer et de participer à ces évènements ? Une opportunité pour de futures « event startup » africaines ?
DAK’ART, la 11ème biennale de l’Art Africain qui s’est achevé avec succès le 8 juin 2014 contribue année après année à positionner Dakar et le Sénégal sur la short list des villes africaines à fort potentiel culturel et touristique. Côté business, la liste des conférences se tenant dans la capitale sénégalaise continuent de s’allonger depuis le début du printemps, notamment dans la sphère entrepreneuriale : Google Leadership Talk, Orange API Challenge, CONECT, TEKKI48, Data 4 Dev, Open Societic…
Echangeant chaque jour avec des startups et des acteurs de l’écosystème, je fus capable en quelques heures de bien identifier les évènements à ne pas louper, et ainsi boucler mon planning de juin à Dakar.
Un accès à l’information qui – un peu comme partout (à commencer par le France, mais qui ressort davantage dans les pays émergents) – dépend largement du réseau dont vous pouvez disposer sur place : ici au Sénégal, pas de Moonbar Africain pour informer des futurs évènements portées par l’écosystème. Network, Network, Network… Ici, le seul moyen vraiment efficace pour rester informé sur ce qui fait bouger l’écosystème.
Comme souvent, être connecté à la bonne personne sur les réseaux sociaux peut combler ce manque d’informations, Facebook notamment permet ici d’être assez bien informés sur les évènements organisés par l’écosystème sénégalais. Mais encore faut il être ami avec les bonnes personnes, et faire partie des bons groupes, ce qui n’est pas toujours évident pour un entrepreneur ou un investisseur qui arriverait pour la première fois à Dakar pour s’y implanter.
Dès mon arrivée à Dakar, je fus invité sur Facebook à participer au CONECTIC, espace de rencontres et de networking pour les entrepreneurs sénégalais, organisé par le CTIC, l’incubateur TIC de Dakar, créé en 2011. Une soirée qui m’a permis de mettre le pied à l’étrier dans l’écosystème sénégalais. Comment permettre aux maximum d’entrepreneurs – sénégalais ou internationaux de passage à Dakar – d’accèder simplement et le plus rapidement possible à ce genre d’informations ?
Un exemple : peu après mon arrivée, j’ai pendant quelques jours cherché à obtenir des informations le lieu d’un évènement Tech sur Dakar consacré à l’entrepreneuriat féminin dans les nouvelles technologies auquel je voulais assister. Malheureusement sans succès.
La bonne dissémination de l’information sur les évènements startups organisés par les écosystèmes : un vrai sujet en Afrique francophone, qui ne se limite pas seulement au Sénégal.
L’essor timide des startups sénégalaises spécialisées dans « l’Event planning »
Informer en amont les sénégalais sur les événements culturels et business qui se multiplient depuis quelques mois peut se faire sur internet mais doit aussi surtout passer par la case application mobile. Car si l’internet haut débit coûte encore trop cher en Afrique et notamment au Sénégal (selon la Banque Mondiale, les pays africains achètent leur bande passante environ six fois plus cher qu’en Asie du Sud-Est), le taux de pénétration mobile vient de franchir la barre des 100% au Sénégal.
Quelques startups ont développé des solutions mobiles permettant de se tenir au courant des manifestations à Dakar, dans le domaine business mais aussi culturel. C’est le cas de Nelam Services, startup sénégalaise qui a mis au point l’application AgenDakar, un service qui permet de connaître tous les évènements programmés dans la capitale sénégalaise – en essayant de ne pas se limiter au registre musical même si AgenDakar s’est rapidement imposé comme la référence en matière d’agenda culturel au Sénégal.
Dans le domaine des évènements business (type compétition de pitchs, rendez-vous networking, conférence sur l’entrepreneuriat TIC), une autre startup est en plein essor : SamaEvent, premier service de e-billetterie Sénégalais. La startup – qui a vu le jour en 2012 à l’occasion du premier Startup Weekend Dakar – a déjà été partenaire de près de 200 évènements au Sénégal.
« Le potentiel ici est vraiment important, rien que dans le domaine culturel, on compte plus de 300 manifestations par an. » nous explique Stéphane N’Dour, fondateur de SamaEvent. « Dans le secteur des affaires, on estime environ une centaine d’évènements : notre solution permet de dématérialiser et de simplifer la réservation de vos billets, qu’ils s’agissent d’évènements gratuits ou payants ».
Car SamaEvent est en train de passer à la phase de la monétisation sur mobile en permettant d’effectuer les paiements directement en ligne via différents opérateurs locaux, comme Orange Money ou Wari. Jusqu’à présent, les paiements ne peuvent se faire que par carte bancaire – un frein dans le contexte sénégalais. En 2012, à peine 20% des sénégalais étaient dotés de comptes bancaires selon la BCEAO.
Un nouveau venu sur le marché, Orchestra, qui propose une solution similaire à celle de SamaEvent en dématérialisant tout le processus d’achat des billets en ligne pour les organisateurs de conférence, nous explique son fondateur dans cette « Bubble Pitch » accordé à #TECHAfrique lors de l’API Challenge d’Orange.
Oui, la réservation de e-tickets sur internet ou via une application est un service qui peut paraître basique – Digitick en France propose la dématérialisation de la billetterie depuis 2004, il y a 10 ans. Mais comparaison n’est pas raison : une solution qui nous parait purement low-tech à Paris ou londres constitue une vraie rupture ici en Afrique francophone, où la dématérialisation des services d’émission et de gestion de billets représente une vraie nouveauté du fait du manque de confiance.
La création d’un agenda en ligne collaboratif qui centraliserait pour mieux la redistribuer l’information sur les évènements Tech et Business sénégalais et africains rendrait par ailleurs directement service à l’écosystème, en décloisonnant les communautés et en les enrichissant. Egalement un plus en termes d’attractivité à l’international et pour mieux positionner les villes africaines sur la short list des hubs techs en émergence. Un exemple encourageant à suivre : AfriqueITNews qui a mis en place récemment un agenda en ligne orienté TIC et business et qui pourrait par exemple développer des synergies avec SamaEvent.
Alors après la success story AgenDakar pour les évènements culturels au Sénégal, à quand un « MoonBar Africa » – s’inspirant de Moonbar et de MeetUp – au service des startups africaines et internationales ainsi que des investisseurs pour couvrir et référencer l’ensemble des évènements Tech et Startup en Afrique Francophone ?
'La promotion des « Tech Events », niche d’avenir pour les startups africaines ?' has no comments
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