#TECHAfrique, Innovation & Startup Tour in Africa ! A la rencontre de l'Afrique des Startups 2019-08-21T08:39:49Z https://techafrique.startupbrics.com/feed/atom/ Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Tunisie : Le Start-up Act, une loi pour la jeunesse qui associe numérique et espoir]]> https://techafrique.startupbrics.com/?p=2766 2019-08-21T08:39:49Z 2019-02-28T08:01:55Z En Tunisie, le numérique est perçu comme un pare-feu à l’exil des talents et la progression du chômage des jeunes. Mais il faut pour cela d’abord et surtout répondre aux espoirs de la jeunesse tunisienne. C’est le pari ambitieux du Start-up Act. Un dispositif juridique – plein de promesses – et inédit en Afrique. Presque...

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En Tunisie, le numérique est perçu comme un pare-feu à l’exil des talents et la progression du chômage des jeunes. Mais il faut pour cela d’abord et surtout répondre aux espoirs de la jeunesse tunisienne. C’est le pari ambitieux du Start-up Act. Un dispositif juridique – plein de promesses – et inédit en Afrique. Presque organique dans le sens où cette loi n’a pas été décidé en haut mais vient du vraiment du “bas”, du terrain, dans un réel esprit de co-construction. Car le Startup Act est d’abord le fruit d’un long processus de concertation entre le gouvernement et la société civile tunisienne autour d’une vision : éliminer les barrières et démocratiser l’accès à l’entrepreneuriat pour tous les tunisiens, y compris dans les régions les plus reculées. Et in fine permettre aussi à la Tunisie de rester souveraine en conservant ses cerveaux (et de maîtriser ainsi la “digital litteracy”) à l’ềre du tout-numérique. “ Rencontre avec Anouar Maârouf, le Ministre Tunisien des technologies de la communication et de l’économie numérique (MTCEN) et l’un des chefs d’orchestre du Start-up Act.

Comment le développement des startups peuvent-ils aujourd’hui apporter de l’espoir à la jeunesse tunisienne et contribuer à lutter contre le chômage ? 

La jeunesse et l’espoir sont souvent associés, surtout lorsqu’il s’agit du numérique. Par exemple, le Startup Act a généré beaucoup d’attente positive chez la jeunesse en Tunisie. A un premier niveau, il y avait l’espoir de pouvoir enfin créer son projet, transformer son idée dans son pays. A un second niveau, le Startup Act représentait enfin une initiative qui sort de l’écosystème et qui aboutit. Habituellement, chez la jeunesse, les initiatives viennent d’en haut, de l’Etat, alors que celle-ci vient d’en bas. Elle a été élaborée par les acteurs eux-mêmes, par les jeunes, notamment l’écosystème des startups, et elle a abouti. J’étais impressionné et ému par l’euphorie ambiante lorsque le Parlement a validé le Startup Act. Les jeunes considéraient qu’ils avaient une victoire historique.

L’espoir vient de là mais est nourri également par l’énergie déclenchée par la révolution tunisienne, qui à plusieurs reprises, a été confrontée à des freins et désillusions. L’idée est de lancer des initiatives comme le Startup Act et de réussir rapidement dans le numérique. Le numérique c’est l’avenir, c’est le changement, c’est la rupture, c’est l’espoir. La jeunesse tunisienne aujourd’hui, à travers le Startup Act et cette dynamique créée dans les régions, se rend compte que finalement si on a une bonne idée entrepreneuriale, une tête bien faite, de l’envie et une bonne connexion internet, il est possible de créer son projet et faire des miracles.

Où en est le Startup Act après son adoption au Parlement en 2018 ?

Le Startup Act c’est tout un process. Il ne faut pas le réduire au projet de loi, au texte. Le Startup Act c’est un nouvel esprit, c’est une nouvelle dynamique créée par les jeunes et par l’écosystème, et adoptée et accélérée par l’Etat. Je définis mon rôle comme accélérateur de cette dynamique qui est née au sein de l’écosystème. Le 4 avril sera  officiellement lancé le Startup Act. Cela signifie que les premiers labels seront attribués et sera lancé le portail à partir duquel tout le processus de gestion défini dans le Startup Act sera dématérialisé. 

Ce sont des labels qui vont être attribués par le Collège des startups qui vient tout juste d’être nommé ? (NDLR : Cette interview a été réalisée lors d’un moment historique, en effet nous sommes interrompus, on porte à Mr Maarouf un message et son visage s’éclaire, le président du gouvernement vient d’officialiser la nomination des 9 membres du collège des startups, l’interview reprendra avec une énergie décuplée !).

Le Collège des startups vient d’être nommé à travers une décision du chef du gouvernement. Ce sont neuf personnes qui représentent l’écosystème des startups : notamment les experts, les organisations de l’Etat en relation avec ce domaine, les VCs, les institutions d’investissement ou d’accompagnement des startuppers. C’est un Collège représentatif de l’écosystème. Leur rôle est de donner des labels, c’est-à-dire de traiter des dossiers de candidature de startups et de les labelliser. 

(Le collège des Startups est officiellement dévoilée durant notre entretien au Ministère des technologies de la communication et de l’économie numérique. Crédit Photo : Samir Abdelkrim)

Comment le numérique et le Startup Act peuvent développer les régions tunisiennes d’un côté et surtout décentraliser l’Etat et ses services publics ? 

C’est une question centrale. L’une des raisons de la révolution est cette disparité entre les régions. Quand nous avons réfléchi sur la stratégie Tunisie Digitale 2020, l’un des objectifs définis était que le digital soit un enabler de cette transformation dans les régions, d’une articulation du numérique et de la territorialité, de faire une redistribution de la richesse grâce au digital de manière à ce que tout le monde en profite de la même manière. 

Si nous offrons une bonne connexion internet, un écosystème en support, un financement, nous pouvons permettre aux jeunes, qui sont diplômés, de créer leurs entreprises sans se déplacer à Tunis ou quitter le pays. Le MTCEN travaille sur la généralisation du très haut débit dans toutes les régions et le pays se prépare d’ailleurs le lancement de la 5G. Le MTCEN supervise les projets de zone blanche, pour couvrir les zones qui ne sont pas rentables pour les opérateurs. Le MTCEN  pilote également le projet de réseau de l’administration, RNIA, “Réseau National Intégré de l’Administration“. Nous avons connecté tous les sites de l’administration à travers tout le pays avec du très haut débit, afin de créer des réseaux internes performants et de généraliser cette couverture dans le pays. 

Revenons sur la question du financement, que peut apporter le Startup Act aux jeunes pousses tunisiennes qui recherchent des fonds dans leur processus de passage à l’échelle ?

Nous travaillons effectivement sur le lancement d’un fonds de fonds. Les études sont sur le point de finalisation. Le lancement sera en 2019, ce fonds de fonds démarrera avec 100 millions d’euros et une cible de 200 millions d’euros. Les chiffres ne sont pas arrêtés en définitive mais c’est un ordre de grandeur. Ce fonds de fonds permettra de créer une dizaine de fonds d’investissement qui couvrent le cycle de vie d’une startup et qui permettent de lancer réellement cette dynamique en Tunisie. Par ailleurs, cette dynamique et j’insiste sur ce point, n’est pas adressée aux Tunisiens uniquement mais à tous ceux qui veulent créer leur startup en Tunisie et ils sont nombreux à venir s’installer ici pour créer des startups et bénéficier du startup Act et des financements.

En parlant d’ouverture en dehors des frontières de la simple Tunisie, quels sont les projets que la Tunisie porte et commence déjà à implémenter pour se positionner en Afrique ?

Ce fonds de fonds va donner naissance à des fonds spécialisés dans l’incubation des startups africaines et à ce titre, nous travaillons sur une initiative beaucoup plus large qui est Smart Africa. Dans le cadre de l’alliance Smart Africa – la Tunisie est membre actif dans cette alliance, la Tunisie a été désignée comme l’incubateur de l’écosystème des startups africaines. C’est-à-dire que nous avons la mission de créer une dynamique à l’échelle de l’Afrique, de donner l’opportunité et le potentiel à tous les jeunes Africains de créer leur startup, de créer des mécanismes d’accompagnement et de financement, et d’accéder au marché international. 

Quand vous dites que la Tunisie devient un incubateur de startups africaines, ça veut dire que physiquement il y a aura une structure d’accompagnement, un incubateur physique africain en Tunisie ?

Dans le cas de Smart Africa, l’alliance a décidé de la création d’un fonds d’investissement dédié aux startups africaines et a donné à la Tunisie la responsabilité de gérer ce fonds. 

En parlant d’innovation, prenons un sujet fondamental comme l’Intelligence Artificielle (IA). Ce débat a été porté en France par Cédric Villani, notamment, qui a rédigé un rapport sur l’intelligence artificielle et le rôle que la France doit jouer, et surtout comment elle peut mieux s’armer par rapport aux autres puissances. Il explique, dans ce rapport, que pour rester dans la course la France doit attirer des cerveaux étrangers, et les faire venir en France. Comment cela pourrait-il impacter la Tunisie – qui forme chaque année des dizaines de milliers d’ingénieurs informatiques – et ses efforts pour développer l’économie numérique ? 

Nous vivons une mutation de l’histoire de l’économie mondiale. La pierre angulaire de cette économie qui était le produit, est aujourd’hui l’information. Au sujet de l’IA, il est possible de l’aborder par l’angle de la technologie. Il est aussi envisageable d’en parler, plus généralement, comme d’une capacité à traiter de l’information, d’une intelligence qui est donnée pour extraire le plus de profit de cette nouvelle pierre angulaire qu’est l’information. C’est un enjeu mondial, et cet enjeu a besoin d’un très grand nombre de cerveaux, de compétences d’ingénieurs, de développeurs. C’est un problème global auquel tous les pays sont confrontés. La France est également confrontée aux départs des ingénieurs vers la Silicon Valley, les Etats-Unis, Londres… La Tunisie est aussi confrontée à ce problème parce que ses ingénieurs partent en France, en Allemagne, aux Etats-Unis … C’est une circulation des talents, que nous souhaitons justement circulaire. 

Nous avons à choisir parmi deux approches : ou bien nous ne faisons rien et nous sommes perdants, ou bien nous fermons les frontières. Mais la Tunisie est une démocratie en marche et nous avons pleine confiance en l’intelligence humaine, nous nous y prenons donc autrement. Comment ? D’abord en lançant des initiatives qui incitent ces jeunes, même s’ils partent, à revenir entreprendre forts de leur expérience internationale. Avec notamment le Startup Act. Au sujet du rapport Villani, permettez de prendre de la hauteur, nous avons des relations privilégiées avec la France, avec des échanges multiples et très fréquents et un intérêt partagé afin de travailler ensemble pour créer des situations bénéfiques pour les deux pays. Nous pourrions, gouvernements et entreprises, faire à l’échelle de nos pays de la co-localisation, de la co-innovation, de la co-création de richesse, que créent ensemble nos talents, c’est ce que permet précisément l’industrie numérique, cela contribuera à la prospérité des deux côtés de la Méditerranée. Cette ambition intéresse des pays, entre autre européens, qui voient en la Tunisie du fait de ses atouts, leur allié stratégique, dans la course mondiale à la puissance numérique.

* Samir Abdelkrim, Fondateur du sommet international EMERGING Valley et de l’entreprise de conseil StartupBRICS, a parcouru une vingtaine d’écosystèmes numériques africains et en a tiré un livre, “Startup Lions, au coeur de l’African Tech”, disponible sur Amazon.

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Startup Lions : Comment la technologie change la vie des pêcheurs de Dakar et de millions d’autres Africains]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1670 2018-09-09T10:02:08Z 2018-09-09T09:59:09Z Samir Abdelkrim a décidé, un jour de 2014, qu’il fallait explorer l’Afrique numérique. Pas derrière son écran, mais dans les incubateurs de start-up, les accélérateurs ou les espaces de coworking, de Nairobi à Lagos, de Dakar à Kigali. Le Monde Afrique a publié une quarantaine de ses chroniques de terrain avec ces dizaines de milliers de jeunes...

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Samir Abdelkrim a décidé, un jour de 2014, qu’il fallait explorer l’Afrique numérique. Pas derrière son écran, mais dans les incubateurs de start-up, les accélérateurs ou les espaces de coworking, de Nairobi à Lagos, de Dakar à Kigali. Le Monde Afrique a publié une quarantaine de ses chroniques de terrain avec ces dizaines de milliers de jeunes qui s’engagent pour réparer leurs pays et voient dans le numérique une opportunité d’agir, de créer, de s’élever. De ses pérégrinations dans la scène tech de plus de 20 pays africains, Samir Abdelkrim a tiré un livre, Startup Lions, au cœur de l’African Tech, 262 pages, publié sur Amazon et préfacé par Xavier Niel et Tidjane Deme. Nous publions en bonnes feuilles une partie de l’introduction, qui raconte sa rencontre à Dakar avec Malick Birane, 22 ans, l’inventeur d’une application mobile pour aider les pêcheurs sénégalais à mieux vendre leur poisson.

Le quotidien d’un entrepreneur africain

Dakar, place de l’indépendance. Il fait très chaud. Depuis l’aube, le soleil cogne sur la ville. Je plonge dans le premier taxi pour fuir les embouteillages qui coagulent autour de moi. Il est 16 heures et c’est déjà la sortie des administrations dans le quartier du Plateau. Au milieu de la sueur et du tintamarre de la circulation, le vieux tacot arrive à rejoindre la corniche sans trop d’encombres.

Nous mettons le cap sur le port de Soumbédioune. C’est une simple crique où les pirogues à moteur échouent à même le sable. Au bout d’une dizaine de minutes, le taxi s’immobilise en tressautant devant un jeune homme qui attend là (…)« Mon rendez-vous précédent se trouvait juste à côté. Je viens de faire le point avec un grand restaurant de fruits de mer sur la corniche. » Malick est un jeune entrepreneur de 22 ans. Ce qui interpelle chez lui, c’est l’intensité et la détermination qui brillent dans son regard de geek. Soudain, il se retourne, sourire en coin : « Tu arrives à Dakar au bon moment. Nous avons validé notre modèle économique et venons tout juste de sortir la nouvelle version de notre plateforme. Je vais te montrer comment notre solution fonctionne ! »

Malick Birane est le fondateur d’une start-up qu’il a baptisée Aywajieune, ce qui signifie en wolof « je vends du poisson ». Je laisse l’entrepreneur me guider dans ce qu’il appelle son espace de travail à ciel ouvert : le grand marché aux poissons de Soumbédioune qui, du temps de sa splendeur, nourrissait tout Dakar. Une dizaine de pirogues à moteur viennent de rentrer au port. Chaque équipage utilise de vieux pneus usés pour caler sur le sable sa gaal, ou pirogue en wolof. Commencent alors les négociations entre pêcheurs et mareyeurs (pour la plupart des femmes) venus s’approvisionner en gros. Les poissons les plus variés – thons, badèches, sars et même quelques beaux mérous blancs – sont déchargés sur le sable. C’est à partir de cette anse exiguë que, chaque matin, plusieurs centaines de pirogues traditionnelles partent en quête de poissons dans un mouvement d’ensemble bariolé. Ils ravitaillent les marchés de la capitale, mais aussi exportent.

« Le poisson, c’est un peu le pétrole du Sénégal et le pain de chaque Sénégalais, m’explique Malick. Nos poissons sont exportés vers l’Europe, mais ils constituent la base de nos plats, à commencer par le thiéboudienne. » Le thiéboudienne est le plat national de Sénégal. Au pays de la teranga (hospitalité), le poisson, thiof en wolof, est chose sacrée. Les Sénégalais mangent en moyenne 30 kg de poisson par habitant et par an. Le secteur ferait vivre plus de deux millions de personnes, si l’on compte les familles des pêcheurs.

Eviter les intermédiaires

Avant même que je ne l’interroge, le jeune « disrupteur » se lance dans un pitch déjà bien calibré et me décrit le douloureux problème qu’il tente de hacker. « Les pêcheurs sénégalais sont financièrement étranglés. Ils manquent d’informations sur les prix de vente des poissons et se font souvent avoir sur les montants en les écoulant. » J’essaie de suivre la fine silhouette du jeune entrepreneur qui se faufile au milieu des étals de poissons posés directement sur le sable. Malick ralentit un court instant pour saluer en wolof un jeune pêcheur. Celui-ci porte un bonnet blanc à rayures noires sur la tête, son pantalon sombre est recouvert de sable humide. Ils semblent tous deux avoir le même âge. Malick poursuit : « Les pêcheurs rencontrent par ailleurs des difficultés à entrer directement en contact avec les consommateurs finaux, restaurateurs et particuliers. Il y a trop d’intermédiaires qui font écran. » Tablette tactile sous le bras, Malick Birane rend visite chaque semaine aux pêcheurs pour prendre de leurs nouvelles. Au milieu de ce décor bariolé où tout n’est que marchandage et va-et-vient, il collecte les précieux feedbacks de ses utilisateurs. Ces retours sont importants, ils lui permettent d’améliorer son service et de s’assurer qu’il résout bien leurs problèmes spécifiques. En 3 jours seulement, Malick rencontre une trentaine de pêcheurs, les trois quarts lui déclarent écouler leurs poissons au rabais, sans réaliser de profits. Ils bradent des bassines entières de rougets, de barracudas, de soles pour éviter les invendus.

Beaucoup aimeraient pourtant vendre directement aux particuliers, augmenter leurs marges et élargir leurs débouchés. Il faudrait pour cela des moyens logistiques qu’ils n’ont pas. Plusieurs ont déjà confié leur désarroi au fondateur d’Aywajieune : « On a moins de prises, donc normalement les prix devraient augmenter. Mais on est mal organisés. Certains jours, les prix sont tellement bas qu’on essaie de garder le poisson le plus longtemps possible pour le vendre à un bon prix. Et finalement on ne vend pas et on doit tout jeter. » Cette situation représente pour Malick Birane une véritable injustice : « Le secteur de la pêche est très dynamique au Sénégal et génère d’énormes profits. » Malheureusement, « les pêcheurs à l’origine de cette création de valeur ne parviennent pas à en vivre dignement ». Pour la pêche à la palangre, les hommes sont souvent contraints de naviguer à plus de 10 kilomètres du rivage pour trouver du poisson dans les profondeurs. Le jeune Sénégalais connaît le désespoir qui fige le regard fatigué des travailleurs de la mer, les jours où le poisson déserte le littoral. Sans doute du fait de la pollution, mais aussi du pillage des chalutiers battant pavillon étranger. Ces navires-usines s’aventurent en hiver dans les eaux territoriales sénégalaises pour siphonner les fonds poissonneux en toute illégalité. Les dépenses en « essence pirogue » grimpent en flèche, car les pêcheurs doivent s’éloigner toujours plus loin, aggravant jour après jour le manque à gagner pour ces hommes qui ont souvent du mal à nourrir leur famille. « Lorsqu’ils sont ruinés, les pêcheurs basculent dans la pauvreté ou cherchent à émigrer vers l’Europe avec leur pirogue. » Une minorité sombrera même dans le trafic de vies humaines en devenant passeurs. En 2006, d’importants accords de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne ne sont pas renouvelés. Alors que la crise halieutique atteint son paroxysme à Dakar, des centaines de pêcheurs sénégalais débarquent plus de 30 000 migrants africains sur les plages des îles Canaries. Parmi eux, combien ne sont pas arrivés à destination, leurs frêles esquifs ayant chaviré sous les vents puissants de l’Atlantique ?

Amas luisant de poulpes entrelacés

Malick scrute un petit attroupement de badauds et de pêcheurs qui encerclent une pirogue. Elle vient de s’échouer sur le sable, le ventre encore frétillant de la pêche du jour. Au moment où nous tournons les talons, un pêcheur d’une trentaine d’années surgit de la foule comme un diable de sa boîte pour venir à notre rencontre avec un grand sourire. « Grand, comment va le business ? », s’exclame Malick qui le reconnaît aussitôt. Fervent utilisateur d’Aywajieune, Samba navigue au large de Dakar depuis plus de 10 ans pour nourrir ses parents, sa femme et ses deux enfants. Il apprécie beaucoup Malick Birane depuis qu’un matin, alors qu’il rinçait son moteur à l’eau douce, le jeune entrepreneur est venu le convaincre d’utiliser son application. Samba nous emmène devant son étal gargantuesque où gît un amas luisant de magnifiques poulpes entrelacés. Grâce à Aywajieune, ils régaleront ce soir les plus grandes tables de la capitale. La marchandise a déjà trouvé trois acquéreurs offrant chacun un excellent prix. Parmi les acheteurs figure un particulier résidant dans le quartier du Plateau. En plein essor, les ménages de la classe moyenne dakaroise représentent désormais un gros tiers des commandes passées sur Aywajieune. Deux livreurs de la startup doivent d’ailleurs arriver d’un moment à l’autre pour charger et transporter les belles prises de Samba. Depuis qu’il a rejoint la plateforme, ses revenus ont en moyenne doublé. Les très bonnes semaines, le chiffre d’affaires peut même tripler de volume. Les poissons bradés à vil prix ne sont plus qu’un lointain souvenir… Grâce à Aywajieune, Samba est visible sur Internet et assure quotidiennement des débouchés à ses poissons. Chaque jour qu’il regagne la terre ferme avec sa précieuse cargaison, il accomplit le même rituel. Avec son petit smartphone à bas prix prêté par un neveu, il prend en photo les poissons frais rincés et posés soigneusement dans une bassine en plastique. Il télécharge ensuite, toujours avec son portable, les images sur Aywajieune. Avec soin, il décrit le produit puis précise la quantité et le prix du jour au kilo en francs CFA. Il indique enfin son numéro de téléphone en bas du formulaire en ligne. Une vingtaine de minutes plus tard, Samba reçoit les premiers appels et SMS des restaurateurs de la capitale, qui se dépêchent de passer commande pour réserver les plus beaux morceaux.

Les livreurs arrivent enfin. Malick leur rappelle qu’ils ne doivent pas oublier de charger au passage les poissons d’Ousmane, un autre pêcheur Aywajieune, dont l’étal se trouve quelques dizaines de mètres plus loin. Un peu plus âgé que Samba, Ousmane vend également sur Internet depuis quelques mois, mais contrairement à lui, « il n’a pas fait les bancs », m’explique Malick. Autrement dit, il ne sait ni lire ni écrire. Ousmane met donc chaque jour en ligne ses poissons « par la voix ». Il appelle directement le service commercial d’Aywajieune qui va remplir et publier les annonces à sa place. « Notre service commercial reçoit tous les jours des appels de dizaines de pêcheurs illettrés, précise Malick. Nous les aidons à vendre leurs poissons sur Internet. » Sur l’étal d’Ousmane, trois caisses de maquereaux, chinchards et crevettes gisant sur un lit de glace sont prêtes à être expédiées. Elles sont destinées aux restaurants du quartier branché de la pointe des Almadies. Les restaurateurs régleront les coursiers en espèces, à la livraison. En Afrique de l’Ouest, la très grande majorité des commerçants n’est pas « bancarisée », ce qui rend les paiements en ligne ou par carte bancaire encore peu courants. Peu importe, la startup enjambe vite l’obstacle. Grâce à la technique si africaine du cash on delivery, le paiement d’un produit acheté sur Internet peut se faire en espèces sonnantes et trébuchantes au moment de la livraison. Aywajieune transférera ensuite les montants dus à Ousmane et Samba sur leur téléphone portable grâce au paiement mobile – rapide, facile, sécurisé. Du débarquement des poissons à leur livraison au client, l’efficacité redoutable d’Aywajieune permet d’éviter les multiples embûches et points de friction logistiques.

Solution vocale pour pêcheurs illettrés

Le numérique pallie en partie le manque d’infrastructures, avec un effet immédiat sur les bénéfices des pêcheurs. « Pour eux, la vitesse de rotation des stocks de poissons est dorénavant beaucoup plus rapide. Elle est passée de 5 jours en moyenne à 24 heures. » À Dakar, comme ailleurs en Afrique, l’innovation est nécessaire pour répondre aux problèmes du quotidien. Le téléphone portable fait ici office d’ordinateur, de carte bancaire et de mégaphone pour cette vente à la criée numérique. Des centaines de clients comblés par les services d’Aywajieune partagent régulièrement leur satisfaction sur les réseaux sociaux. Ce bouche-à-oreille 2.0 représente aujourd’hui le plus gros canal d’acquisition pour la startup de Malick Birane. Il m’explique comment les pêcheurs et leurs clients sont devenus les premiers ambassadeurs d’Aywajieune, grâce au buzz qu’ils font sur Facebook. Pour se rémunérer et payer les salaires, la startup perçoit sur chaque transaction une commission correspondant aux services de mise en relation et de livraison. La petite entreprise innovante de Malick Birane a créé une quinzaine d’emplois. Pour peaufiner son modèle économique, Malick a bénéficié des conseils de son grand frère Babacar, lui-même entrepreneur.


Pour Aywajieune, la voie vers le succès fut tout sauf facile. Chaque jour, il fallait repartir à l’offensive sur le terrain pour expliquer et convaincre, encore et toujours. Plusieurs pêcheurs, n’ayant jamais utilisé Internet de leur vie, ne cachaient pas leur méfiance. Avec ténacité, Malick persuadera un à un les plus réticents des technophobes, qui accepteront à la longue de vendre leurs produits sur la plateforme. La patience finit par payer : au bout de quelques mois, plus de 100 pêcheurs utilisent Aywajieune au quotidien, à Soumbédioune puis au Quai de pêche de Hann. Et grâce au bouche-à-oreille, bientôt dans les ports de pêche de Saint-Louis, l’autre grande ville du Sénégal.

Ce n’est pas au milieu des pirogues de Soumbédioune que Malick Birane s’est vu opposer les refus les plus cinglants. Comme la plupart des entrepreneurs de son âge, il a dû affronter le mépris des hommes d’affaires et des banquiers, cravatés dans leurs bureaux climatisés et leur entre-soi. « Pour qui tu te prends ? Tu crois que c’est sage de créer une entreprise à 21 ans ? Personne ne te financera, tu n’as aucune relation ! Et tes parents, ils sont au courant ?… Et ils te laissent faire ? » Mais Malick Birane ne lâche rien, bien au contraire. Plus on doute de lui, plus il croit à l’importance de sa mission. Et les pêcheurs sénégalais seront toujours là pour la lui rappeler.

« Personne ne te financera, tu n’as aucune relation ! »

Pour Aywajieune, la voie vers le succès fut tout sauf facile. Chaque jour, il fallait repartir à l’offensive sur le terrain pour expliquer et convaincre. Plusieurs pêcheurs, n’ayant jamais utilisé Internet de leur vie, ne cachaient pas leur méfiance. (…) La patience finit par payer : au bout de quelques mois, plus de 100 pêcheurs utilisent Aywajieune au quotidien, à Soumbédioune puis au Quai de pêche de Hann. Et grâce au bouche-à-oreille, bientôt dans les ports de pêche de Saint-Louis, l’autre grande ville du Sénégal.

Ce n’est pas au milieu des pirogues de Soumbédioune que Malick Birane s’est vu opposer les refus les plus cinglants. Comme la plupart des entrepreneurs de son âge, il a dû affronter le mépris des hommes d’affaires et des banquiers, cravatés dans leurs bureaux climatisés et leur entre-soi. « Pour qui tu te prends ? Tu crois que c’est sage de créer une entreprise à 21 ans ? Personne ne te financera, tu n’as aucune relation ! Et tes parents, ils sont au courant ?… Et ils te laissent faire ? » Mais Malick Birane ne lâche rien, bien au contraire. Plus on doute de lui, plus il croit à l’importance de sa mission. Et les pêcheurs sénégalais seront toujours là pour la lui rappeler.

« Avec Aywajieune, me dit-il, les poissons les plus demandés peuvent rapporter jusqu’à 1 million de francs CFA, contre 300 000 francs CFA en moyenne auparavant. » Pour ses pêcheurs que Malick admire et respecte, il y a donc un avant et un après Aywajieune. Mais l’impact de la start-up dépasse le simple bénéfice économique. L’idéal de Malick serait de changer la vie de ces pêcheurs. Beaucoup tentent encore de quitter le Sénégal en pirogue pour rejoindre l’Union européenne. Il en connaît même un qui a renoncé à partir depuis qu’il utilise Aywajieune. (…) Quand maintenant il prend la mer avec sa pirogue, c’est pour revenir avec du poisson et non pour s’exiler au péril de sa vie. C’est la plus grande fierté de Malick.

Et si c’était en Afrique que notre futur s’inventait déjà ? Ce livre (…) espère répondre à cette question. Il est le fruit d’un long et patient travail de terrain qui a débuté sur le continent africain en 2014. Je suis allé à la rencontre des écosystèmes numériques locaux dans le cadre de mon projet TECHAfrique. J’ai sillonné pendant plus de deux ans les routes en construction de la tech africaine au cours d’un passionnant road trip entrepreneurial. Il m’a conduit au centre de la révolution start-up, qui se répand de Dakar à Cotonou en passant par les makerspaces de Lomé et d’Abidjan ; des compétitions entrepreneuriales d’Accra et de Johannesburg aux tech hubs qui fleurissent en Tunisie ou au Burkina Faso.

Exploration sans relâche

Des hauts plateaux éthiopiens aux collines de Kigali, j’ai exploré sans relâche les scènes tech de plus de 20 pays africains. J’y ai rencontré des centaines d’entrepreneurs qui ont partagé avec moi leur vision. J’ai eu la chance de les suivre dans leurs incubateurs, accélérateurs ou espaces de coworking. J’ai chroniqué leur quotidien dans plusieurs centaines d’articles, publiés sur mes blogs comme dans les médias nationaux et internationaux. C’est cette aventure au long cours que je vous transmets avec Startup Lions, un livre qui vous emmènera à la découverte de celles et ceux qui ont décidé par eux-mêmes de transformer leur continent. A l’image d’Aywajieune, des centaines de start-up africaines se révoltent contre le status quo, la pauvreté et l’absence d’infrastructures. Ce n’est pas une tendance, c’est une mission. Prendre des risques, hacker les difficultés du quotidien et innover pour pallier le manque de services publics.

Ces entrepreneurs offrent l’image d’une jeunesse africaine qui se prend en main et agit sans attendre. Ce qui les motive, c’est de trouver des solutions aux problèmes de leurs pays, conquérir de nouveaux possibles, changer le monde des hommes grâce au pouvoir des bits. Comme Malick Birane, ces lions sont jeunes, pacifiques, déterminés. Ils sont des dizaines de milliers à s’engager pour réparer leurs pays. Ils voient dans le numérique une opportunité d’agir, de créer, de s’élever. Certains soulèvent toutefois un problème : les start-up africaines voudraient remplacer l’action publique et même l’aide au développement. Ce n’est pas le cas.

Tout ce qu’elles veulent, c’est accélérer le développement de l’Afrique à tous les niveaux et permettre aux femmes et aux hommes qui la peuplent de vivre une vie décente. Le numérique africain est une fabrique d’inclusion sociale et les entrepreneurs sont les tisserands d’une Toile à visage humain, des rivages de Soumbédioune aux villages isolés du Sahel, en passant par les mégapoles de Nairobi ou Lagos.

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Partech Ventures lance Partech Africa et met sur la table 100 millions d’euros pour soutenir les start-ups africaines]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1661 2019-08-21T08:39:14Z 2018-02-12T15:59:45Z Article paru en premier dans LesEchos.fr, partenaire éditorial de StartupBRICS dans le cadre du projet #TECHAfrique. Après avoir été l’un des premiers fonds européens à ouvrir des bureaux dans la Silicon Valley au début des années 1980, Partech Ventures met le cap vers l’Afrique et les écosystèmes numériques africains avec le lancement de son fonds Partech Africa. Ce nouveau fonds,...

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Article paru en premier dans LesEchos.fr, partenaire éditorial de StartupBRICS dans le cadre du projet #TECHAfrique.

Après avoir été l’un des premiers fonds européens à ouvrir des bureaux dans la Silicon Valley au début des années 1980, Partech Ventures met le cap vers l’Afrique et les écosystèmes numériques africains avec le lancement de son fonds Partech Africa. Ce nouveau fonds, qui vise une capacité d’investissement de 100 millions d’euros, devient ainsi le premier de cette taille uniquement dédié au financement des start-up africaines du digital.

Le fonds Partech Africa qui posera ses valises à Dakar dans les tous prochains jours, a réuni à ce jour plus de 57 millions d’euros d’engagements auprès de nombreux investisseurs parmi lesquels l’IFC, membre du groupe de la Banque Mondiale, la Banque Européenne d’Investissement, la PROPARCO et bpifrance sera ainsi spécialisé dans le financement de sociétés technologiques early stage, avec des tickets initiaux allant de 500.000 euros à 5 millions d’euros. Au total, entre 20 et 30 start-ups constitueront le portefeuille du Partech Africa.

Résoudre des problèmes fondamentaux

Son objectif est d’accompagner des fondateurs de sociétés agiles qui utilisent la technologie et des business models innovants pour résoudre des problèmes fondamentaux en Afrique, dans des secteurs qui vont de l’inclusion financière (Fintech, InsurTech, nouveaux modèles de distribution) aux services mobiles et online (commerce, loisirs, éducation, santé, services numériques), ainsi que la mobilité, la supply chain et la digitalisation de l’économie informelle.

D’année en année, ces secteurs attirent un nombre croissant de capitaux rappelle Cyril Collon, ancien vice-président des ventes pour l’Europe et l’Afrique de Verscom Solutions et aujourd’hui General Partner de Partech Africa au même titre que son associé sénégalais Tidjane Deme, lui-même ancien directeur de Google en Afrique francophone durant 7 années. Pour Cyril Collon la maturité atteinte en quelques années par le marché tech africain rassure et attire un nombre toujours plus important d’investisseurs.“

Les investissements early stage en Afrique, avec des tickets de 200.000 à 40 millions de dollars, ont décuplé, passant de 40 millions de dollars en 2012 à 367 millions en 2016, une croissance déjà plus rapide que les projections qui annonçaient $1 milliard en 2020”. Une montée en puissance qui stimule fortement l’émergence d’une nouvelle génération d’investisseurs africains, ancrés sur le continent et qui évoluent au plus proche des startups africaines alors que jusqu’à présent, «la plupart des tours d’investissement ont été menés par des investisseurs basés aux États-Unis ou en Europe” souligne Cyril Collon. Parmi les écosystèmes qui illustrent cette nouvelle donne et attirent le plus d’investisseurs, Lagos, Cape Town et Nairobi arrivent largement en tête et tirent la scène tech africaine. A Lagos, au Nigeria, les startups de la “Yabacon Valley” ont attiré à elles-seules près de 109 millions de dollars en 2016. Loin derrière, les pays francophones parmi lesquels le Sénégal, Côte d’Ivoire, Rwanda, Tunisie, Maroc n’ont cependant capté que 37 millions de dollars en 2016, soit à peine 10% de l’investissement total capté par le continent. (…)

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[A la découverte d’Andela, “l’Ecole 42” du Kenya !]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1652 2017-12-24T17:32:01Z 2017-12-24T17:32:01Z Reportage terrain de Samir Abdelkrim, à Nairobi (Kenya) à retrouver dans Startup Lions qui vient de sortir et qui est actuellement disponible sur Amazon Mbithe Nzomo vient de souffler ses 24 bougies. Margaret Ochieng elle n’a pas encore 21 ans. En dépit de leur jeune âge, les deux amies font déjà partie de la crème...

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Reportage terrain de Samir Abdelkrim, à Nairobi (Kenya) à retrouver dans Startup Lions qui vient de sortir et qui est actuellement disponible sur Amazon

Mbithe Nzomo vient de souffler ses 24 bougies. Margaret Ochieng elle n’a pas encore 21 ans. En dépit de leur jeune âge, les deux amies font déjà partie de la crème de la crème des meilleurs codeurs informatiques de Nairobi depuis qu’elles ont rejoint Andela, une entreprise américaine qui recrute et forme des centaines de talents numériques en Afrique de l’Est. De Microsoft à IBM en passant par Facebook ou Oracle, les grands noms de la Silicon Valley s’arrachent chaque semaine les talents de Margaret, Mbithe en leur sous-traitant l’écriture de plusieurs milliers de lignes de code. Flairant un filon grandissant, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a décidé d’investir 24 millions de dollars pour acquérir une partie du capital d’Andela au début de l’été 2016 via sa fondation privée, la Chan Zuckerberg Initiative.

Je rencontre Mbithe et Margaret lors de mon passage sur le campus de l’académie Andela qui est situé à quelques rues des principaux Tech Hubs de Nairobi comme le iHub, GearBox ou le Nailab. Elles m’expliquent comment elles se sont rencontrés pour la première fois sur le campus alors qu’elle participait au Bootcamp d’admission “le plus sélectif d’Afrique”. Pour devenir officiellement “Andela Fellow”, il faut réussir tous les tests qui se succéderont pendant deux semaines et recueillir les meilleurs scores. Sur la ligne d’arrivée, seulement 0,5% des participants seront retenus sur un total de 50.000 candidatures envoyées depuis toute l’Afrique !


(Margaret Ochieng et Mbithe Nzomo racontent leur histoire dans les locaux Andela. Crédit Photo : Samir Abdelkrim)

Douée en mathématiques, Mbithe étudiait auparavant l’informatique à l’université Strathmore à Nairobi. Un parcours qu’elle ne poursuivra pas car elle estimait le contenu pédagogique trop théorique et le niveau technique trop peu élevé pour la rendre compétitive sur le marché du travail. C’est en participant à une conférence sur les nouvelles technologies à Nairobi qu’elle se fait approcher par un des “head hunters” d’Andela qui lui suggère de tenter sa chance et s’inscrivant en ligne et de passer les premiers tests de pré-sélection. “L’offre d’apprentissage proposé Andela était à l’opposé de tout ce que j’ai connu. Leur manière de placer le “problem solving” au coeur de tous leurs enseignements m’a attiré car cela n’avait plus rien à voir avec l’état d’esprit universitaire traditionnel”.

Margaret a quant à elle grandit et vécut loin de la capitale, dans une petite ville kényane située à 10 heures de route de Nairobi. A 19 ans, elle se passionne pour le numérique et décide d’auto-apprendre le langage HTML toute seule sur l’ordinateur que son petit frère lui prête, malgré les reproches de sa famille. A de nombreuses reprises, ses parents vont tenter de la dissuader de suivre cette voie. Mais elle tiendra bon, grâce au soutien et encouragements de son frère qui poussera Margaret à tenter sa chance lorsqu’elle découvre une publicité d’Andela sur un forum de geeks en ligne. Sans diplômes ni qualifications particulières en “computer science”, elle s’inscrit le soir-même et passe les premiers tests en ligne. “Quelques jours plus tard, j’ai reçu un email d’Andela m’invitant à passer un premier entretien de motivation par téléphone. Je n’y croyais pas, je pensais que c’était une mauvaise blague d’un ami ! J’ai compris que ma vie pouvait changer même si je n’avais pas les diplômes”. De guerre lasse, ses parents la laisseront partir à Nairobi vivre son nouveau destin.

Sur le modèle de la célèbre école 42 fondée par Xavier Niel en France, aucun diplôme, aucun bagage universitaire n’est préalablement requis pour candidater à Andela. Des candidats kenyans et ougandais seront même admis alors qu’ils n’ont jamais possédé d’ordinateurs de leur vie, fautes de moyens. “Certains de nos talents ont découvert l’informatique dans les cybercafés de leur quartier ou de leur village” précise James Ndiga, un des responsables du recrutement à Andela qui doit filtrer avec son équipe jusqu’à 1.500 candidatures kenyanes chaque mois. Comme Margaret, une majorité se sont auto-formés pendant de longues heures en regardant des tutoriels sur Youtube, ou en passant des semaines entières à s’entraîner sur des plateformes interactives où l’on apprend à coder gratuitement comme sur le site internet CodeAcademy. Mais si l’objectif affichée d’Andela est d’encourager la diversité des profils et la mixité entre les sexes, au final, l’académie ne retiendra qu’une très fine élite, en deux mots, les meilleur(e)s.

Le premier tir de barrage se passe sur internet où les candidats comme Mbithe et Margaret passeront quantité de tests logiques entrecoupés d’entretiens de motivation réalisées à distance avec l’équipe pédagogique. Après un premier écrémage, les heureux “short listés” seront invités à “camper” durant deux semaines sur le site de Nairobi afin d’être formés “à la dure” lors du Bootcamp final d’admission. Au menu : formation accélérée aux langages informatiques pointus tels que Python ou Django, succession de tests qui seront évalués en temps réel et une flopée de nuit blanches.

Déstabilisées au premier abord par la difficulté des épreuves techniques et le stress omniprésent, Margaret et Mbithe s’accrochent du mieux qu’elles peuvent durant les 14 jours du bootcamp jusqu’à finir en haut du classement. Pour les deux amies, une nouvelle vie commence. Elles seront rémunérées tout en se formant durant
4 années. Elles coderont en parallèle pour le compte des plus grands noms de la Tech internationale. “A la fin de leur cursus, elles seront libres de continuer à travailler pour nos clients en devenant Senior Developer Andela. Nous les encourageons également à voler de leurs propres ailes en montant leur propre start-up dans le digital” explique James Ndiga. La culture entrepreneuriale fait partie de l’ADN d’Andela, à l’image du nigérian Iyinoluwa Aboyeji, l’un des cofondateurs historiques de cet accélérateur de talents. Peu après la levée de fonds record réalisée par Andela auprès de Mark Zuckerberg, Iyinoluwa Aboyeji a décidé de se lancer dans une nouvelle aventure entrepreneuriale en créant une nouvelle start-up dans les Fintech, baptisée Flutterwave et qui est aujourd’hui en plein expansion à travers le continent africain.

Que vaudra un développeur Andela sur le marché en 2019 ? James esquisse un sourire : “Vu le niveau qu’elles auront atteint, elles pourront travailler dans l’entreprise de leur choix, partout dans le monde car les compétences en code sont de plus en plus chères et demandées. Et si Margaret et Mbithe décident un jour de quitter Nairobi et le Kenya pour venir travailler dans la Silicon Valley, croyez-moi, ce sont-elles qui poseront leurs conditions ! ”.

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Au Sahel, l’innovation frugale prend les devants ! #SahelInnov]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1636 2017-06-06T15:37:46Z 2017-06-06T15:37:46Z Propos recueillis par Samir Abdelkrim, à Niamey au Niger Comment la télémédecine facilite l’enregistrement des naissances et aide à résoudre les problématiques d’état civil dans le Burkina Faso rural ? Par quels procédés la télé-irrigation à distance a permis au fil des années de reprendre sur le désert des dizaines d’hectares stériles aujourd’hui reverdit et...

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Propos recueillis par Samir Abdelkrim, à Niamey au Niger

Comment la télémédecine facilite l’enregistrement des naissances et aide à résoudre les problématiques d’état civil dans le Burkina Faso rural ? Par quels procédés la télé-irrigation à distance a permis au fil des années de reprendre sur le désert des dizaines d’hectares stériles aujourd’hui reverdit et exploités par les maraîchers du département aride du Tillaberi au Niger ? Ou encore comment les premiers drones “sahéliens” fabriqués en matériaux frugaux à Niamey ont permis aux agences internationales de secourir les migrants égarés dans le désert à la frontière nigéro-algérienne ? Ces innovations nées au coeur du Sahel ont été mises à l’honneur à Niamey du 20 au 23 février dans le cadre de la première édition de la conférence SahelInnov. Organisée par le Centre Incubateur des PME du Niger (CIPMEN), la manifestation aura rassemblé plusieurs centaines de participants et de nombreux incubateurs originaires de 7 pays sahéliens. Tous venus chercher des solutions qui “couvrent “la chaîne de valeur de nos problématiques sahéliennes qui sont concrètes et réelles : nourrir, soigner, éduquer, mettre fin au terrorisme” explique Almoktar Allahoury, le directeur du CIPMEN qui revient sur les objectifs de cette rencontre.

Quel fut l’objectif de cette première édition de Sahel Innov ?

Tous les spécialistes reconnaissent aujourd’hui que le Sahel est la région du monde qui enregistre les défis les plus pressants en Afrique et même dans le monde. Des défis liés au changement climatique, à la baisse des rendements agricoles, à l’explosion démographique  avec plus de 400 millions d’habitants en 2050. Sans parler du terrorisme qui se nourrit du déficit d’emplois pour les jeunes et déstabilise toute la région. Et dans le même temps il y a aussi tout une dynamique qui émerge dans les pays du Sahel autour de l’entrepreneuriat et des start-ups, pour résoudre un certains nombres de ces défis. L’objectif de Sahel Innov est de capitaliser sur cette dynamique pour répondre grâce à l’innovation aux défis du Sahel, à l’échelle des 7 pays qui compose la bande sahélienne.

Concrètement, quelles innovations seraient capable de changer la donne au Sahel ?

Je pense aux solutions innovantes dans le développement de la télé-irrigation qui permettent aux agriculteurs sahéliens d’optimiser avec une extrême précision l’irrigation de leurs cultures par téléphone, grâce à plusieurs capteurs qui collectent des données en temps réel comme la vitesse du vent ou la température du sol et de l’air. C’est une start-up nigérienne, Tech-Innov, qui a mis au point cette application qui distribue l’eau intelligemment et qui peut multiplier par 10 la surface des zones cultivables, mettant ainsi un coup d’arrêt à la désertification qui étrangle nos maraîchers.

Une autre innovation sahélienne qui fut exposée durant le Forum est le fruit d’une start-up locale nommée Drone Africa Services qui produit à Niamey des drones sahéliens assemblés à partir de matériaux adaptés au contexte local, c’est à dire très résistant au sable et au vent chaud du désert. Ces drones sont aujourd’hui utilisés en partenariat avec l’UNHCR pour repérer puis accompagner les groupes de migrants qui se perdent dans le désert, se retrouvant à la merci des contrebandiers qui écument les “zones grises” de la région du Sahel. Dans l’alimentaire, on peut également parler de la valorisation de produits comme les chenilles ou les criquets aux propriétés énergétiques remarquablement efficace pour lutter contre la malnutrition, avec une multiplication des start-ups sahéliennes dans ce domaine.

Y a t’il une spécificité de l’innovation sahélienne ?

L’innovation sahélienne est ancré dans le réel. Il s’agit d’une innovation de résilience, qui consiste à faire beaucoup plus avec beaucoup moins. Nous sommes dans de l’ingéniosité frugale à l’état pur. L’innovation sahélienne possède une connotation très verte, c’est à dire plutôt tournée vers les énergies renouvelables, les emplois verts, la préservation des ressources naturelles, le recyclage, etc. Le numérique vient s’y greffer avec beaucoup d’aisance à travers des applications au service de l’irrigation, de l’agriculture, de l’efficacité énergétique, etc.

Face à l’immensité des défis sécuritaires, démographiques, alimentaires, environnementaux que le Sahel doit affronter, n’est ce pas illusoire de penser que l’entrepreneuriat peut tout résoudre ? Ne faut il pas davantage insister sur le rôle des autorités publiques ?

Effectivement, les entrepreneurs ne peuvent pas tout faire. Mais ils peuvent, par leurs innovations, jouer un rôle de déclencheur. En apportant une “preuve du concept”, ils dégagent des options à explorer avec sérieux comme avec la télé-irrigation qu’il faudrait maintenant faire passer à l’échelle de tout le Sahel. L’entrepreneuriat permet de savoir rapidement si une solution fonctionne ou pas et cela fait gagner du temps, or le temps presse au Sahel. L’Etat a bien entendu un rôle stratégique à jouer pour favoriser ce passage à l’échelle ainsi que pour favoriser l’émergence d’écosystèmes favorables aux entrepreneurs. C’est pour cela que nous avons associé les autorités du Niger dans l’organisation de cet évènement qui fut inauguré par le Chef de l’Etat Mahamadou Issoufou.

Vous dirigez depuis 2014 le CIPMEN, le premier incubateur de start-ups du Niger. Quel bilan en matière de création d’emplois ?

Nous accompagnons actuellement 17 start-ups innovantes dans différents secteurs (énergies renouvelables, agrobusiness, environnement, numérique) qui ont au total généré 100 emplois directs et 500 emplois indirects, notamment pour des femmes nigériennes dans la transformation de matières premières. Nous voulons maintenant accélérer le rythme pour pouvoir accompagner plus de 50 start-ups chaque année, et 100 porteurs de projets au stade idée, à Niamey mais aussi dans toutes les régions du Niger.

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[2016, une année historique pour les start-ups africaines !]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1628 2017-05-17T10:29:36Z 2017-04-17T10:27:34Z Chronique parue en premier dans Le Monde Afrique en mars 2016 Les start-ups africaines ont levé un peu moins de 367 millions de dollars en 2017, en très forte hausse par rapport aux années précédentes selon une analyse produite début mars par le fonds d’investissement Partech Ventures. Lagos, Cape Town et Nairobi tirent la scène...

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Chronique parue en premier dans Le Monde Afrique en mars 2016

Les start-ups africaines ont levé un peu moins de 367 millions de dollars en 2017, en très forte hausse par rapport aux années précédentes selon une analyse produite début mars par le fonds d’investissement Partech Ventures. Lagos, Cape Town et Nairobi tirent la scène africaine.

Légende : Iyinoluwa Aboyeji, fondateur et CEO de la start-up Flutterwave

De plus en plus courtisées par les fonds d’investissements, les pépites africaines du digital sont en train de franchir une nouvelle étape. D’abord attirés par la “hype” médiatique autour de la Tech Africaine, les investisseurs internationaux mettent aujourd’hui le turbo en s’engageant activement dans le financement des start-ups du continent selon les dernières “datas” rendues publiques par le fonds de capital-risque Partech Ventures basé à la fois en France, aux Etats-Unis et en Allemagne. D’après le fonds d’investissement, 77 start-up africaines ont levé 366,8 millions de dollars auprès d’investisseurs en 2016, soit une progression nette de 33% par rapport à 2015 (276 millions de dollars). Pour établir ces chiffres, Partech Ventures s’est uniquement focalisé sur les levées de fonds supérieures à 200.000 dollars (les investissements en deçà de ce plancher étant trop difficile à “tracker” – c’est à dire à suivre avec précision dans le temps – selon le capital-risqueur européen). Partech Ventures a ensuite mis au point une méthodologie selon laquelle dès lors qu’une start-up innove et crée de la valeur en se concentrant principalement sur le marché africain, elle est doit être considéré comme étant africaine quand bien même son siège social se situerait hors du continent. Le fonds d’investissement cite l’exemple de Flutterwave, une solution de paiement panafricaine fondée par un entrepreneur nigérian, mais dont le siège social se situe aux Etats-Unis.

Lagos, Cape Town et Nairobi tirent la scène africaine

Un grand bond en avant tiré d’abord par le bouillonnant Nigeria qui détient le record avec 109 millions de dollars au total qui ont été levés en 2016 par les start-ups de la “Yabacon Valley”. Juste derrière, l’Afrique du Sud qui en nombre de “deals” totalise 28 levées de fonds représentant 96,7 millions de dollars. Tandis que le Kenya se hisse à la troisième place du podium panafricain, avec un total de 92,7 millions de dollars levées par 21 start-ups de la “Silicon Savannah”. “Les trois pays leaders que sont le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Kenya attirent encore la grande majorité de l’investissement tech sur le continent. Les autres pays, qui sont engagés dans une innovation digitale toute aussi structurante, restent sous-représentés et constituent donc une opportunité encore inexploitée pour les investisseurs” explique Cyril Collon, General Partner chez Partech Ventures et co-auteur de l’étude aux côtés de Tidjane Deme, ancien directeur de Google en Afrique Francophone et également General Partner au sein du même fonds depuis 2016. En retrait par rapport aux trois grands frères anglophones, l’Afrique Francophone commence néanmoins à apparaître de plus en plus sur la “short list” des investisseurs ajoute Cyril Collon : “L’Afrique Francophone avec 5 pays cette année (Sénégal, Côte d’Ivoire, Rwanda, Tunisie, Maroc) consolide sa montée en puissance, attirant plus de 10% de l’investissement total, soit 37 millions de dollars contre seulement 2% en 2015 (6 millions de dollars). Ceci renforce notre conviction que cette partie de l’écosystème est appelée à produire elle aussi ses Champions dans les années à venir” (…)

(Pour lire l’article dans son intégralité, rendez vous sur Le Monde Afrique !)

 

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Kenya : M-Kopa, la start-up qui éclaire les bidonvilles de Nairobi]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1598 2017-02-11T14:33:55Z 2017-02-11T14:14:39Z Article paru en premier dans LesEchos.fr, partenaire éditorial de StartupBRICS dans le cadre du projet #TECHAfrique. Des chiffres à faire rougir d’envie n’importe quelle start-up en quête de croissance exponentielle : “nous enregistrons en moyenne 15.000 nouveaux clients par mois” explique Chad Larson, le directeur financier et cofondateur de M-Kopa, durant la visite des locaux de...

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Des chiffres à faire rougir d’envie n’importe quelle start-up en quête de croissance exponentielle : “nous enregistrons en moyenne 15.000 nouveaux clients par mois” explique Chad Larson, le directeur financier et cofondateur de M-Kopa, durant la visite des locaux de sa start-up, à Nairobi. A quelques centaines de mètres de là se trouve le iHub, l’espace technologique de référence du Kenya. Dans un spacieux entrepôt blanc, située dans une belle cour intérieure, l’équipe commerciale de M-Kopa centralise la vente des kits solaires. Une centaine d’employés, “headsets” bien accrochés à leur tête, doivent réaliser 40.000 transactions par jour dans un joli brouhaha. Il règne une ambiance de petite salle de marché au moment de la clôture. Nous ne sommes pas à la bourse de Nairobi, mais l’ambiance y ressemble. Chaque minute, les agents commerciaux rechargent les forfaits solaires pour les clients sur des périodes allant de 3 à 20 jours (un modèle économique que l’on appelle le « pay as you go »), ouvrent des nouveaux comptes ou font la promotion des derniers produits comme la télévision solaire M-Kopa 400, qui fait déjà un tabac. Les ventes quotidiennes – réalisées dans leur immense majorité via l’application de paiement mobile M-Pesa – sont “monitorées” à travers différentes courbes qui apparaissent sur des écrans plats fixés en hauteur. Où en est arrivé M-Kopa aujourd’hui depuis son lancement à très petite échelle ? Chad Larson, qui a co-fondé la start-up en 2010 aux côtés de Jesse Moore et de Nick Hugues revient sur l’histoire de leur innovation qui apporte quotidiennement une électricité frugale, décarbonée et décentralisée à presque 400.000 africains de l’Est.

Devant le siège de l’usine M-Kopa à Nairobi – Samir Abdelkrim

Quelles sont les innovations technologiques derrière le produit M-Kopa ?

Rétrospectivement, nous sommes des précurseurs des objets connectés, un concept qui était totalement méconnu dans les années 2009, 2010, à l’époque ou moi et mes cofondateurs Jesse Moore et Nick Hugues lancions M-Kopa. Nous connectons en effet plusieurs secteurs grâce au téléphone mobile, celui de l’énergie – dont l’accès représente un énorme problème en Afrique – et celui du “mobile banking” (qui en soit combine deux univers, les télécommunications et le secteur bancaire). Avec le téléphone mobile, tout le monde au Kenya – et notamment les personnes non bancarisées – peuvent envoyer et recevoir de l’argent par SMS à travers M-Pesa, peu importe la distance qui sépare les individus, ce qui était impossible avant le milieu des années 2000. Notre clientèle fait partie de la base de pyramide africaine et donc nous incluons du micro-crédit dans notre modèle économique en collectant de toutes petites sommes d’argent en échange d’un accès à l’énergie solaire qui est “libérée” dès qu’un paiement est envoyé vers nos serveurs. C’est ce que l’on appelle le “pay as you go”.

Pouvez-vous décrire ce modèle de « pay-as-you-go » sur lequel M-Kopa se rémunère ?

Je donne un exemple, si le client achète en une seule fois 20 jours d’énergie, dès que nos serveurs enregistrent le paiement, le kit solaire qu’il a en sa possession reçoit de nos serveurs le signal qu’il peut “libérer” l’énergie pendant 20 jours. Si à la fin des 20 jours, le paiement n’est pas renouvelé alors nos serveurs enverront un signal d’arrêt et l’appareil s’arrête de fonctionner, la carte SIM sera désactivée. Notre avantage avec la technologie M-Kopa, c’est qu’au bout d’un certain nombre de jours payés, une année, le client devient propriétaire du kit solaire et ne nous doit plus rien.

Comment êtes-vous passé de la simple idée au produit scalable ?

C’est grâce à l’expérience de notre cofondateur, Nick Hugues, que nous avons pu aller très vite en intégrant notre technologie sur la plateforme de paiement M-Pesa. Nick Hugues est en quelque sorte l’architecte de la technologie de paiement M-Pesa qu’il a conçu du temps où il travaillait comme consultant chez Vodafone (la maison mère de Safaricom, propriétaire du service M-Pesa) aux alentours de 2005. Donc, en 2010, nous avons démarré nos tests sur 300 prototypes de kits solaires rudimentaires. Pour chacun des kits, nous avons “bidouillé” des cartes SIM que nous avons inséré à l’intérieur des kits solaires pour pouvoir déclencher les paiements via M-Pesa. Puis nous avons distribué ces 300 kits à 300 volontaires kenyans vivant sans électricité. (…)

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[C’est en Afrique que Facebook joue sa croissance de demain]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1596 2017-05-17T10:24:14Z 2017-01-11T13:52:31Z Chronique parue en premier dans Le Monde Afrique en décembre 2016, depuis Cape Town Rien ou presque ne semble réprimer le rêve d’expansion en terres africaines de l’entreprise technologique fondée par Mark Zuckerberg. Pas même la pulvérisation du précieux satellite AMOS-6 sur son pas de tir, en Floride, le 1er septembre 2016. Ce concentré de...

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Chronique parue en premier dans Le Monde Afrique en décembre 2016, depuis Cape Town

Rien ou presque ne semble réprimer le rêve d’expansion en terres africaines de l’entreprise technologique fondée par Mark Zuckerberg. Pas même la pulvérisation du précieux satellite AMOS-6 sur son pas de tir, en Floride, le 1er septembre 2016. Ce concentré de nouvelles technologies, d’une valeur estimée à 200 millions de dollars, devait permettre le déploiement du projet Internet.org sur l’ensemble du continent africain. Et plus particulièrement au coeur de ses nombreuses zones “blanches”, là où les infrastructures internet sont insuffisantes ou n’existent pas encore. Pour Facebook, ces vastes territoires “déconnectés” du continent recèlent les centaines de millions de futurs utilisateurs qui viendront alimenter sa croissance des dix prochaines années. Il va falloir quatre ans pour construire un nouveau satellite à mettre en orbite. D’ici là, Facebook va devoir innover pour trouver d’autres solutions. Interview de  Chris Daniels, Vice-Président de Internet.org, croisé à Cape Town, en Afrique du Sud.

Comment couvrir la moitié de l’humanité qui vit “déconnectée”, notamment en Afrique ?

Facebook développe plusieurs projets. Nous travaillons sur le projet de drone solaire géant, Aquila. Nous ferons bientôt voler ces drones à une altitude de 60.000 pieds pour apporter la connectivité dans les zones les plus reculées, jamais couvertes par un réseau. Nous avons aussi l’initiative Internet.org qui repose sur deux axes. Le projet Express WiFi, qui consiste à installer des bornes wi-fi en partenariat avec des fournisseurs d’accès locaux,  apportera une connection internet très rapide, à très bas coût. En Inde par exemple, Express Wifi permet d’apporter un internet dont la vitesse est trois fois plus rapide que la 3G, pour un prix trois fois moins cher. En Afrique, Express Wi-Fi est déja disponible au Nigeria, en Tanzanie, en Afrique du Sud et le sera bientôt au Ghana. Le second axe s’appelle Free Basics, il s’agit d’un service qui fournit du contenu internet entièrement gratuit à travers une application, que nous déployons déjà dans une vingtaine de pays africains. Au total, nous n’avons pas de chiffres précis pour l’Afrique mais nous savons qu’Internet.org a permis de connecter à internet 40 millions de personnes dans le monde.

Légende : Chris Daniels, Vice-President d’Internet.org, à Cape Town. Crédit Photo : Samir Abdelkrim

Vous dites que la plateforme Free Basics est gratuite, mais son contenu est limité et les critiques à son encontre ne manquent pas

Depuis un an, nous ouvrons largement Free Basics à tous les développeurs, où qu’ils se trouvent. Notre plateforme est ouverte, tout le monde peut y installer son application pour la rendre accessible au plus grand nombre. Nous avons attiré des milliers d’applications et le mouvement continue de se développer.

L’explosion du satellite AMOS-6 fut un coup dur pour Facebook. Cela va-t-il ralentir  le déploiement d’Internet.org sur toute l’Afrique ?

Nous ne cachons pas que la perte du satellite fut une déception pour nous, mais l’impact est resté finalement marginal, car nous innovons dans d’autres technologies de pointe et nous avons simplement modifié nos plans d’actions en nous adaptant. L’Aquila va monter en puissance dans les années qui viennent et s’intégrera pleinement dans notre stratégie.

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Niokobok, la start-up sénégalaise qui met le e-commerce au service des diasporas]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1597 2017-02-11T14:02:42Z 2016-12-20T13:52:35Z Article paru en premier dans LesEchos.fr, partenaire éditorial de StartupBRICS dans le cadre du projet #TECHAfrique. Loin, très loin devant les grandes institutions internationales, la diaspora africaine demeure le premier bailleur du continent noir. En 2015, l’équivalent de 35 milliards de dollars aura été transféré sous la forme d’envoi d’argents par les communautés africaines expatriées en...

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Article paru en premier dans LesEchos.fr, partenaire éditorial de StartupBRICS dans le cadre du projet #TECHAfrique.

Loin, très loin devant les grandes institutions internationales, la diaspora africaine demeure le premier bailleur du continent noir. En 2015, l’équivalent de 35 milliards de dollars aura été transféré sous la forme d’envoi d’argents par les communautés africaines expatriées en direction de leurs proches restés dans les pays d’origine. Une manne précieuse, mais dont une partie de la valeur reste confisquée en amont du fait de commissions élevées, pouvant aisément dépasser le seuil des 10%. Parfois 15%. Un manque à gagner pour les familles réceptrices des fonds. Fondée en 2012 à Dakar, la start-up sénégalaise Niokobok (www.niokobok.com) s’est donné comme mission de « disrupter » ce secteur des transferts de la diaspora sénégalaise, en proposant un modèle différent : permettre aux diasporas de commander des produits alimentaires en ligne, en les faisant livrer directement auprès de leurs familles au Sénégal. Ce qui a l’avantage de réduire à son maximum les différents prélèvements intermédiaires. Rencontre avec Laurent Liautaud, fondateur de Niokobok, qui nous expose sa vision.

Pourquoi as-tu décidé de vivre et d’entreprendre dans le digital au Sénégal ?

J’ai 39 ans et je vis avec ma famille au Sénégal depuis 5 ans. A ma sortie d’HEC, j’ai travaillé pour Pernod Ricard à Cuba, Unilever au Mozambique puis pour des cabinets de conseil en stratégie, dont Bain. L’Afrique m’a toujours passionné pour sa richesse humaine, parce que tout y devient une aventure, mais aussi parce qu’ici, on a encore l’impression que tout est possible. Je rêvais depuis longtemps d’entreprendre sur le continent et notamment au Sénégal, dans le secteur de la distribution car c’est celui où j’avais trouvé qu’il y avait le plus d’inefficacités. Lorsque j’ai eu l’occasion de m’installer à Dakar avec mon épouse, j’ai cherché une niche dans ce secteur qui nous permette de proposer une solution nouvelle, en misant sur le potentiel de la diaspora sénégalaise. (…)

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Samir Abdelkrim http://startupbrics.com/ <![CDATA[Avec SABAN, l’Afrique du Sud donne naissance à son premier réseau de business angels]]> http://techafrique.startupbrics.com/?p=1571 2016-12-07T10:11:40Z 2016-12-07T10:07:56Z Chronique parue dans Le Monde Afrique, depuis Johannesburg Une bonne nouvelle pour l’écosystème entrepreneurial de l’Afrique du Sud. Le 24 août dernier, le South African Business Angel Network (SABAN), le premier réseau rassemblant exclusivement des business angels sud-africains, voyait le jour dans le quartier des affaires de Johannesburg, à Sandton, la veille du lancement de...

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Chronique parue dans Le Monde Afrique, depuis Johannesburg

Une bonne nouvelle pour l’écosystème entrepreneurial de l’Afrique du Sud. Le 24 août dernier, le South African Business Angel Network (SABAN), le premier réseau rassemblant exclusivement des business angels sud-africains, voyait le jour dans le quartier des affaires de Johannesburg, à Sandton, la veille du lancement de la conférence DEMO Africa. Une association à but non lucratif destinée avant tout à former, fédérer et professionnaliser « ceux qui en Afrique du Sud ont de l’épargne et souhaitent diversifier leur portefeuille en basculant progressivement des secteurs rentiers comme l’immobilier vers la prise de risques et l’entrepreneuriat » expliquent Tomi Davies, le président du réseau panafricain African Business Angel Network (ABAN) – déjà actifs dans une vingtaine de pays africains – et son directeur adjoint, David van Dijk, tous les deux venus à Sandton pour célébrer la naissance de la petite sœur sud-africaine de l’ABAN. « La mission du SABAN est de valoriser les opportunités d’investissements en Afrique du Sud, et d’éduquer les futurs investisseurs au métier de business angel à travers des ateliers de formation » ajoute les deux investisseurs. S’il s’agit d’abord et avant tout d’un réseau professionnel d’entraide et de formation au capital-risque, le SABAN ne constitue pas en tant que tel un véhicule d’investissement. En effet, aucune prise de participation ne sera effectuée directement par le SABAN précise David van Dijk : « nous ne sommes pas venus lancer pas un fonds de capital-risque. Ce que nous voulons faire avec le SABAN, c’est fédérer des individus qui veulent investir ensemble dans des start-ups et des PME en amorçage ». Pour rejoindre le réseau, la barrière à l’entrée reste assez légère : « si vous vous engagez à investir au moins 10.000 dollars par an pour soutenir une entreprise sud-africaine, vous pouvez rejoindre le SABAN ».

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Les business angels, nouveaux acteurs providentiels dans la lutte contre le chômage qui s’envole en Afrique du Sud ? C’est en tout cas la conviction de l’entrepreneur sud-africain Christopher Campbell qui prend les rênes du SABAN en qualité de cofondateur : « le taux de chômage en Afrique du Sud atteint des niveaux élevés (26%) et dans le même temps la croissance économique ralentit. Il nous faut donc des entrepreneurs. Et là il faut des entrepreneurs, il faut des investisseurs ». (…).

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