#Jokkolabs : Pour Karim Sy, « les espaces de coworking permettent d’entreprendre différemment en Afrique »

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Jokkolabs ? Dans le nom du premier réseau d’espaces de coworking du Sénégal – et d’Afrique Francophone – vous trouverez bien sûr du wolof : Jokko évoque le lien, la connection et le partage. Car chez Karim Sy, son fondateur, le donner et recevoir sont deux valeurs essentiels, y compris dans le numérique : sans communautés, difficile de construire un écosystème viable et dynamique, en particulier dans les pays émergents où la question de la confiance reste souvent très vive.  A Jokkolabs on voit les choses en grand, de façon décloisonnée, sans frontières : le réseau compte une vingtaine de nationalités différentes, et dispose d’antennes dans plusieurs pays voisins du Sénégal : Mali, Burkina Faso, bientôt Abidjan. Mais aussi dans l’hexagone, à Nanterre. 

Hello Karim ! Jokkolabs est le premier coworking space du Sénégal, peux tu nous rappeler son histoire ?

Après une vingtaine d’années d’entrepreneuriat en Afrique de l’Ouest, mais aussi à l’international (Canada, France et aussi le Maghreb), j’ai officiellement lancé Jokkolabs le 10 octobre 2010 (10/10/10) : c’est une date assez facile à retenir 🙂 J’ai voulu contribuer à aider le Sénégal à prendre à bras le corps la question du numérique, sachant que face à un monde qui bouge à toute vitesse et qui va de crise en crise, l’Afrique – déjà pas mal fragilisée – peut se servir des TIC comme d’un moyen de réaction face à ces enjeux.

Le numérique a cette capacité de rendre possible ce qui ne l’était pas avant : c’est une chance pour l’Afrique et le Sénégal, surtout lorsque l’on regarde l’importance prise par plusieurs de nos problèmes. Avec Jokkolabs, j’ai voulu créer un espace pour accueillir et accompagner ceux qui – localement – veulent réfléchir aux conséquences de ces problèmes et y apporter des solutions par les nouvelles technologies.

Je suis également activiste OpenSource, ces communautés de hackers et de geeks qui ont été un peu à l’origine de la démocratisation d’internet, et je m’inspire de cette capacité à organiser des communautés et des business models de manière complètement innovante autour de la gratuité. Et Jokkolabs est aussi né de cette réflexion là : un lieu pour penser l’Open Innovation au Sénégal.

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L’écosystème numérique au Sénégal est de plus en plus actif depuis 3 ans, comment vois tu les choses évoluer ?

En Afrique, il y a déjà une énergie assez extraordinaire, et au Sénégal en particulier : l’enjeu est de libérer ces énergies. Et surtout de les rendre visible, sinon l’impact restera trop faible. Beaucoup de choses se passaient déjà avant Jokkolabs, mais elles étaient très isolées : nous avons contribué à rendre cela un peu plus visible, par exemple le monde de l’Open Source manquait d’organisation. On a aidé les communautés Open Source sénégalaises à gagner en visibilité. Car le problème est assez simple : sans communautés, il ne peut y avoir d’écosystème dynamique, travaillant en synergie et réellement efficace.

D’une certaine façon, le coworking permet déjà à ces acteurs de se rencontrer, de travailler ensemble, dans un espace – neutre, j’insiste sur cette notion de neutralité – dédié à l’ouverture et à l’échange. C’est un état d’esprit que nous défendons ici.

Autre point important lié à la neutralité : favoriser la confiance. De nombreux startupeurs ici au Sénégal ont un gros problème de confiance – souvent la peur de se faire voler ses idées, son business, etc. Ce qui mine la cohésion des communautés sur lesquels est censé reposer cet écosystème. Il faut donc de l’ouverture et de la neutralité, c’est vraiment ce que l’on essaie de faire à Jokkolabs, car nous pensons que c’est de l’économie de la confiance et de la créativité que naîtrons les prochaines grosses innovations africaines.

Aujourd’hui nous comptons plusieurs centaines de Jokkoworkers – sans compter ceux qui sont à l’international dans nos centres en France et dans le reste de l’Afrique.

Quel est le futur du coworking en Afrique ?

Au début en 2011 nous étions 4 espaces de coworking en Afrique. 3 années plus tard, on en compte une vingtaine et la demande est en train d’exploser ! Donc la tendance est lourde, et ce qui est intéressant, c’est de voir que le plus souvent il s’agit d’initiatives portées par des entrepreneurs individuelles, donc ça vient de la base.

On attend pas quoi de soit du gouvernement, il s’agit d’une dynamique propre avec des gens qui s’organisent et se prennent en charge, en partie du principe qu’en s’associant on peut faire des choses concrètes et impactantes, en sortant de cette logique d’attentisme. Le mouvement doit venir directement du terrain, c’est important.

Une autre tendance intéressante : celle d’incubateurs internationaux – souvent très performants – qui nous contactent de plus en plus pour s’inspirer de Jokkolabs et voir comment mettre en place cette flexibilité propre aux coworking spaces qui est très utile pour favoriser la créativité et donc la performance des entrepreneurs.

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Consultant, Blogueur et Fondateur de StartupBRICS (www.startupbrics.com), Samir Abdelkrim a lancé #TECHAfrique en avril 2014 : une aventure entrepreneuriale à la rencontres des startups africaines et des acteurs qui font battre le pouls de l'Afrique 2.0


'#Jokkolabs : Pour Karim Sy, « les espaces de coworking permettent d’entreprendre différemment en Afrique »' has 1 comment

  1. 21 février 2017 @ 7 h 18 min Pour un espace de coworking et d'innovation à Lomé

    […] espaces de coworking en Afrique de l’Ouest, disons-le, il n’y en a pas une tonne. Jokkolabs au Sénégal est la référence dans la sous-région. Il est recensé près de 6000 espaces de […]

    Reply


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