Bonjour 🙂 Peux tu te présenter en quelques mots ?
Bonjour, je suis Gaëlle âgée de 26 ans, je suis présidente et fondatrice de l’association Movement France.
J’habite en Haute – Savoir à mi-temps puisque je passe entre 4 à 6 mois de l’année au Burkina Faso
Mon parcours universitaire est assez atypique, après une DUT en Génie Biologie, j’ai poursuivi sur une Licence en développement durable. Cela m’a permis de découvrir l’Allemagne via un Erasmus de plus d’un an. J’ai ensuite fini sur un Master en développement de projet transfrontalier dans le domaine du développement durable.
J’aime les voyages, la découverte et j’aime rencontrer des personnes investies et impliquées dans leur travail et/ou projet.
Parle nous de ton initiative P^3 ? Quel fut le premier déclic ?
C’est à la suite d’une proposition pour partir prêter main forte à une association Allemande au Burkina Faso. J’ai pu découvrir le Burkina et surtout je n’avais qu’une envie m’y investir. Suite à une première campagne de financement participatif, j’ai pu envoyer 7 machines à coudre, retaper une petite pièce de 12 m² et faire fabriquer tables et tabourets pour travailler. Une formation a été mise en place pour 10 femmes, dont 7 d’entre elles travaillent avec des revenus soit à mi-temps soit à temps complet.
Notre objectif avec le projet P^3 est de recycler du plastique via la création d’emplois pour les femmes au Burkina Faso.
Nous travaillons avec un plastique spécifique, des pochettes d’eau d’une contenance de 25 à 50 cl que les gens consomment quotidiennement.
Le premier déclic est du à un constat, celui de la non gestion des déchets au Burkina ! Les gens jettent directement devant chez eux, puis brûlent leurs détritus lorsque cela devient trop conséquent devant la porte !
Enfin, les femmes. Les femmes africaines ont une place très importante dans la société et leur travaille n’est reconnu qu’à très faible valeur. Il était important pour moi de monter un projet durable !
– durable socialement
– durable économiquement
– durable écologiquement
– durable dans le temps
Ces pochettes d’eau on en consomme tous les jours entre 6 à 10 par personnes !
Il fallait en faire quelque chose.
J’ai donc proposé mon idée à plusieurs femmes que j’avais rencontré et dont la situation sociale et économique était précaire. Toutes âgées entre 18 et 25 ans, elles avaient envie de s’investir et ont tout de suite été sensibles à la problématique et aux enjeux.
Quelles solutions apportes tu avec cette initiative ? Et quel est ton modèle économique ?
Aujourd’hui nous recyclons du plastique, nous « diminuons » la quantité de déchets dans l’environnement, nous réduisons le taux de mortalité des animaux d’élevage, nous luttons pour la protection de l’environnement, mais aussi contre le réchauffement climatique et enfin nous diminuons la pauvreté.
Notre objectif est de pouvoir monter une activité durable. Il faut donc que la partie économique soit viable. Pour cela nous vendons nos créations au Burkina Faso, dans des boutiques éthiques à Ouaga, mais aussi à des associations pour qu’elles puissent elles aussi faire du bénéfices pour leurs propres actions. Nous commercialisons aussi nos pochettes en Europe, (Allemagne et France) dans des écoles primaires ou encore des boutiques.
Enfin, tous les bénéfices sont directement réinjectés dans le projet, pour les réparations, les factures ou encore l’agrandissement et le développement du projet.
Quels obstacles as tu rencontré, et comment y as tu fait face ?
La différence de culture est un obstacle auquel on est confronté quotidiennement.
Il a été difficile de comprendre le rythme de travail et toutes les activités que devait gérer une femme en plus de son travail dans une journée.
Pour cela, nous avons mis en place un système participatif, avec une boîte à idée et une boîte à réclamation. Celles ci ne sont pas retranscrites via du papier mais orale. Il reste bien entendu un compte rendu de chacun de nos échanges, mais la majorité des femmes ne sachant pas écrire elles ont tout de même le droit à la parole.
Donc 1 fois tous les 10 jours environ, nous nous rassemblons autour d’un repas et échangeons sur les difficultés et les points forts. Le fait de faire participer chacun des membres du projet apporte une stabilité et un investissement plus fort. Il permet aussi de mieux saisir les problèmes et d’y remédier le plus rapidement possible.
Enfin, l’argent reste toujours un obstacle. C’est pour cela que nous avons décidé assez vite et après avoir travaillé sur un produit fini « propre » que nous allions commercialiser aussi en Afrique et à des ONG nos créations.
Ainsi, nous allons voir si le projet et viable seulement par des ventes en Afrique. Car les ventes en Europe sont très intéressantes mais les femmes ne peuvent pas aller seule y chercher des clients.
Nous avons donc été ensemble, démarcher et trouver des clients.
Quels sont tes besoins en matière de financement ou d’accompagnement ? Un message à faire passer à la communauté #TECHAfrique ?
Depuis plusieurs jours maintenant, nous avons lancé une campagne de financement participatif pour un montant de 28 000€. Ce montant va nous permettre de nous agrandir et surtout de construire notre propre centre de formation.
Celui ci servira à former plus de femmes autour de notre activité de recyclage mais aussi de développer de nouvelles techniques de recyclage avec d’autres matières plastiques. Enfin, il sera aussi un lieu d’échange avec des personnes intéressées et sensibles à nos actions. Actuellement nos 12m² ne nous permettent plus de travailler dans de bonnes conditions ni d’accueillir de nouvelles personnes pour les former ou encore les sensibiliser.
Il est important aujourd’hui d’avoir notre structure pour être connu et reconnu sur le territoire de Ouahigouya.
'#Innovation : au Burkina Faso, le projet P^3 transforme les déchets plastiques en ressources' has no comments
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