Strive Masiyiwa, l’homme du secteur privé qui veut rapprocher l’Afrique et l’Amérique

Chronique parue en premier dans Le Monde Afrique en novembre 2016, depuis Maurice

Que fera donc le futur occupant de la Maison Blanche, Donald Trump, des initiatives soutenues par l’actuel président Barack Obama pour dynamiser l’entrepreneuriat en Afrique ? La question risque de se poser en 2017 en ce qui concerne l’African Business Fellowship, une initiative venue d’Afrique avec l’appui du président Obama et qui consiste à placer pendant quelques mois des jeunes talents américains en début de carrière dans des entreprises africaines en forte croissance. Une sorte d’Erasmus en entreprise, entre les Etats Unis et l’Afrique.

Pensé et conçu comme étant la contrepartie africaine à l’ambitieux programme Young African Leaders (YALI) décidé en 2010 par Obama et qui a permis à des milliers de jeunes africains de venir chaque année se former à l’entrepreneuriat et au Leadership dans 20 universités américaines, l’African Business Fellowship a vu le jour en 2015 sous l’impulsion d’un entrepreneur, le milliardaire zimbabwéen Strive Masiyiwa.

Car Strive Masiyiwa en est convaincu : “ce programme permettra aux jeunes américains qui seront peut être demain les PDG des plus grandes firmes américaines de développer des liens forts avec l’Afrique. Demain, ils seront les ambassadeurs de l’Afrique en Amérique”. Entièrement financé par le secteur privé, l’African Business Fellowship a déjà bénéficié à plusieurs entreprises africaines comme Safaricom, Orbit Chemicals, Kuramo Capital, les cimenteries Dangote mais aussi quelques start-ups technologiques au Nigeria comme Hotels.ng ou Printivo.
L’homme le plus riche du Zimbabwe, qui s’est déjà rendu célèbre en transformant Econet, la petite société de téléphonie qu’il a fondé à Harare en 1993, en un vaste empire de l’internet et des télécommunications pesant plusieurs centaines de millions de dollars, était présent à l’occasion du rassemblement annuel de l’African Leadership Network qui s’est tenu sur l’île Maurice le 5 novembre. S’exprimant rarement dans les médias, Strive Masiyiwa a accepté de répondre aux questions de Le Monde Afrique, quelques jours avant l’élection américaine.

En quoi consiste le programme African Business Fellowship (ABF) ? Quelle est son utilité ?

Nous ne voulons plus que le continent africain soit perçu avec condescendance comme une destination “exotique” alors qu’en Afrique nous faisons des affaires et nous prenons des décisions comme partout ailleurs. Je veux que demain, les futurs patrons des grandes multinationales américaines aient une réelle expérience de l’Afrique. Notre programme a comme objectif de faire venir sur le continent des jeunes professionnels américains afin que, sur une période allant de 6 mois, ils puissent se frotter aux réalités africaines, en travaillant dans des entreprises africaines. Il peuvent intégrer de grandes entreprises africaines de très grande tailles comme des entités plus petites, des start-ups. Par exemple, au Nigeria, la start-up technologique Hotels.ng participe au programme et a accueille des participants dans ses bureaux à Lagos. C’est la meilleure manière pour les américains d’avoir de l’expérience africaine, et de voir ce que cela signifie réellement de travailler en Afrique. Et lorsque, à la fin du programme, ils repartiront chez eux aux Etats-Unis, ils conserveront alors des liens forts avec l’Afrique qui serviront à susciter des partenariats entre les entreprises américaines et les entreprises africaines, car ils auront une vision plus juste de ce qui se passe en Afrique. Ils contribueront à changer le regard sur l’Afrique.

Quand avez vous démarré ce programme ?

Nous avons lancé ce programme il y a un an en partenariat avec l’African Leadership Network et d’autres organisations et il s’agit ici de notre première promotion de 13 jeunes professionnels américains. Avant d’intégrer le programme, les participants sont déjà diplômés et disposent d’au moins dix années d’expérience. Ils ont été auditionné partout sur le territoire américain (nous avons reçu 200 candidatures au total environ) puis sélectionné directement par les entreprises partenaires africaines, en fonction de leurs besoins. Ils sont ensuite formés une fois qu’ils ont rejoint l’entreprise qui les a sélectionné. Devant le succès de cette première opération et les retours très positifs des entreprises partenaires, nous avons décidé de doubler la taille de la promotion 2017 afin d’envoyer 30 personnes. Nous faisons donc appel à davantage d’entreprises africaines partenaires. Nous allons ainsi continuer à faire grossir chaque année les promotions année après année.

Quels types d’entreprises peuvent accueillir ces jeunes américains ? Y a t’il des critères précis ?

C’est très ouvert, peu importe le secteur ou la taille de l’entreprise. Il peut s’agir d’entreprises africaines très globalisées ou très locales. Il peut s’agir d’entreprises spécialisées dans les télécommunications comme Safaricom, ou dans la construction comme le groupe Dangote, des sociétés dans le bâtiment, dans la finance, dans la chimie comme Orbit Chemicals, des start-ups internet, etc. Il n’y a pas de limitations particulières.


Consultant, Blogueur et Fondateur de StartupBRICS (www.startupbrics.com), Samir Abdelkrim a lancé #TECHAfrique en avril 2014 : une aventure entrepreneuriale à la rencontres des startups africaines et des acteurs qui font battre le pouls de l'Afrique 2.0


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